IDENTITÉ
La question : "qui suis-je ?" n'a,
pour moi, aucun sens.
Elle n'a jamais effleuré mon esprit.
Peut-être parce que l'identité qui n'est que
le besoin légitime d'avoir un visage à exhiber n'est,
en fait, que le désir,
condamné à rester à l'état du désir,
d'une affirmation de nous-même constamment différée ;
c'est qu'il ne peut y avoir identité
que dans la permanence et celle-ci est toute relative,
étant passage d'une identité cernée à une autre,
entrevue avant d'être, à son tour, circonscrite.
(Entretiens avec Le Monde. 2. Littératures.
Paris, La Découverte / Le Monde, 1984, p.104