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    De l'océan à la source
    De la montagne à la plaine
    Court le fantôme de la vie
    L'ombre sordide de la mort
    Mais entre nous
    Une aube naît de chair ardente
    Et bien précise
    Qui remet la terre en état
    Nous avançons d'un pas tranquille
    Et la nature nous salue
    Le jour incarne nos couleurs
    Le feu nos yeux et la mer notre union
    Et tous les vivants nous ressemblent
    Tous les vivants que nous aimons

    Les autres sont imaginaires
    Faux et cernés de leur néant
    Mais il nous faut lutter contre eux
    Ils vivent à coups de poignard
    Ils parlent comme un meuble craque
    Leurs lèvres tremblent de plaisir
    A l'écho de cloches de plomb
    A la mutité d'un or noir

    Un seul cœur pas de cœur
    Un seul cœur tous les cœurs
    Et les corps chaque étoile
    Dans un ciel plein d'étoiles
    Dans la carrière en mouvement
    De la lumière et des regards
    Notre poids brillant sur terre
    Patine de la volupté

    A chanter des plages humaines
    Pour toi la vivante que j'aime
    Et pour tous ceux que nous aimons
    Qui n'ont envie que de s'aimer
    Je finirai bien par barrer la route
    Au flot des rêves imposés
    Je finirai bien par me retrouver
    Nous prendrons possession du monde

    Paul Eluard

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